Le vendredi 29 décembre, Jérôme Deschamps a fait son retour au théâtre de Caen, deux ans après avoir présenté son Bourgeois Gentilhomme, avec un autre grand classique du théâtre et de Molière, “L’Avare”. Deschamps s’intéresse principalement aux personnages dans cette mise en scène, et souhaite montrer un Harpagon avare, mais humain, qui se veut moins grotesque.
Le spectacle se met en scène les désirs amoureux contrariés de Cléante et Élise face à Harpagon, obsédé par sa cassette d'argent. Harpagon, en quête de mariages fortunés pour ses enfants, est prêt à toutes les manœuvres. Malgré les tentatives de manipulation, Cléante et Élise sont déterminés à vivre leur amour à leur façon.
Deschamps et Félix Deschamps Mak (scénographie) ont opté pour un espace presque entièrement vide, laissant le spectateur la possibilité de se concentrer entièrement sur les personnages et les acteurs plutôt que sur le décor assez simple, ne consistant qu’en plusieurs panneaux peints de bleus. Ce décor simple donne une dimension plus symboliste à la scénographie.
Le jeu des comédiens est ce à quoi le spectateur pourrait s’attendre en allant voir un spectacle de Molière. Il est grotesque, mais soutenu et fidèle à ce que l’imaginaire collectif pense de Molière, et les dialogues tiennent davantage de confrontations comiques entre les personnages.
Au contraire du décor, les costumes sont plus complexes, mélangeant les costumes traditionnels du théâtre de Molière ainsi que des costumes plus actuels et amusants pour le spectateur.
Tous les costumes mettent en avant les spécificités de chaque personnage avec précision et habileté, Valère (Geert Van Herwijnen) étant habillé d’une façon plus propre, en tant que valet voulant faire bonne impression, Harpagon quant à lui habillé de vêtements plus rustres et traditionnels, par exemple, soulignant leurs personnalités distinctes. Cela rejoint l’intention de Deschamps de se focaliser sur les personnages avant tout.
La lumière ne varie pas tout au long du spectacle, et reste la même. Cela rejoint la volonté de ne pas se focaliser sur la scénographie. On retrouve tout de même la présence de musique préenregistrée, qui peut perturber le spectateur dans son immersion.
En conclusion, la récente représentation de "L'Avare" par Jérôme Deschamps au théâtre de Caen a dévoilé une approche singulière axée sur la profondeur des personnages, offrant une représentation des personnages de manière plus humaine. Le choix d'un espace scénique presque vide, centré sur les acteurs plutôt que sur le décor minimaliste, apporte une dimension symboliste à la pièce. Les costumes, mêlant tradition et modernité, soulignent habilement les spécificités de chaque personnage, renforçant ainsi l'accent mis sur les individualités. Dans l'ensemble, cette mise en scène offre une interprétation subtile et nuancée d'un classique de Molière, mettant en lumière la richesse des personnages et de leurs interactions, entre tradition et renouveau.
Crédit photo : Juliette Parisot