LE GARAGE INVENTE, de et par Claude Schmitz
Claude Schmitz, réalisateur belge, nous a présenté LE GARAGE INVENTE, un spectacle de 2h15, composé (en plus de la partie spectacle) d’un film prologue, ainsi que d’un film épilogue, projetés sur des toiles avant et après la pièce. La pièce suit Lucie (incarnée par Lucie Debay), comédienne et mère, alors que la réalité se mêle à la fiction du rôle qu’elle incarne, Verte, dans une sorte d’histoire à la Barbe Bleue. Cette pièce sert de critique envers les rôles que l'on attribue fréquemment aux femmes au théâtre et au cinéma : celui de la victime. Lucie a donc cette envie de se libérer de ce rôle dans lequel elle est retombée.
Le point central du spectacle est sa scénographie plus naturaliste et très poussée : on retrouve une voiture sur scène, un escalier, des gigantesques néons, un faux mur… On tente visiblement de créer l’illusion d'un véritable décor de garage, le tout renforcé par un jeu se voulant plutôt réaliste, tout comme les costumes (habits de tous les jours et costumes de théâtre qui sont ouvertement des costumes). De plus, les comédiens sont sonorisés (micros), ce qui laisse une possibilité de jeu moins traditionnellement théâtrale et plus proche du cinéma.
L’importance est aussi placée sur l’ambiance lumineuse et sonore (peut-être trop) intense. En effet, une scène marque le spectacle à plusieurs reprises, celle de Verte (ou Lucie, personnage et rôle se brouillent) renversée par une voiture : une lumière forte traverse la salle accompagnée d'un bruit très fort de klaxon, donnant l'illusion au spectateur de se faire lui-même renverser.
En conclusion, Le Garage Inventé de Claude Schmitz se montre comme une œuvre hybride, à mi-chemin entre théâtre et cinéma, qui questionne les limites du réel et de la fiction tout en interrogeant les stéréotypes attribués aux femmes dans les arts narratifs. La scénographie immersive, oscillant entre naturalisme et artifice, ainsi que l’ambiance sonore et lumineuse percutante, participent à l’expérience sensorielle unique proposée aux spectateurs. Malheureusement, les moyens mis dans ce spectacle ne sont pas supportés par un texte qui reste assez faible.
RE CHICCHINELLA, de et par Emma Dante
Le 5 octobre 2024, nous avons pu voir le spectacle RE CHICCHINELLA (“Le Roi poule”) de, et par, Emma Dante à la comédie de Caen. Ce spectacle était en italien (napolitain) surtitré.
La pièce suit un roi (Carmine Maringola) alors qu’il tente de se libérer du mal dont il souffre et dont il ne peut pas se débarrasser : une poule qui s’est plantée dans ses entrailles alors qu’il voulait s’essuyer le postérieur… Il décide alors de jeûner afin de ne pas donner assez de nourriture à la créature, et, ce faisant, il se laisse mourir lui-même de faim. La famille royale et la cour essayent alors de le faire se nourrir mais le Roi, convaincu qu’ils ne sont intéressés que par les œufs d’or que pond la poule, refuse. Il finit donc par mourir après avoir tenté une énième extraction de la poule.
La scénographie est dans la lignée du symbolisme, c’est-à-dire scène nue, à l'exception de fauteuils parfois amenés sur scène par les figures constituant la cour du Roi. On trouve une lumière presque immobile, qui éclaire (pour la plupart du spectacle) une grande partie de la scène sans grande différence, mis à part à la fin (après la mort du Roi) où la lumière est pratiquement absente, à l'exception d’un néon de pharmacie bleu.
Le jeu (dramatique, les personnages ne s’adressent pas au public) est ce qu’on pourrait qualifier de grotesque, donc comique par le bizarre, le caricatural, avec une grande importance placée sur le travail du corps, qui est plus visible à travers la performance très physique de Maringola (qui gonfle son ventre, fait mine d’être dirigé par la poule, etc…). Il est donc clair que ce qui est le plus mis en avant dans ce spectacle est le travail corporel, renforcé par l’absence de décor afin de ne pas déconcentrer le spectateur.
Pour ce qui est des costumes, l’esthétique grotesque se fait aussi voir. Pour les figures de la cour, on trouve des sous-vêtements ainsi que des jambes et fessiers accentués par des collants rembourrés beiges, dans l’optique de créer une impression de ridicule et de burlesque (la cour étant ridiculisée et presque nue).
Au niveau du texte, bien que la majeure partie de la pièce soit comique, voire tournée au ridicule, on retrouve à certains moments des passages émouvants, ou même tragique, comme la mort du Roi, où le ton change drastiquement.
En conclusion, Re Chicchinella d’Emma Dante propose une réflexion comique sur le pouvoir, et l’obsession, portée par une esthétique grotesque et minimaliste. La mise en scène dépouillée, alliée à de grandes performances physiques et à des costumes volontairement absurdes, invite le spectateur à plonger dans un univers ridicule, pourtant parfois tragique.
Le festival LES PIEDS SUR TERRE à Belleroy-sur-Drôme
Le 14 septembre 2024, j'ai eu l'occasion de venir au premier jour de la toute première édition d'un nouveau festival de théâtre : Les pieds sur terre à Belleroy-sur-Drôme.
Ce festival, parrainé par Thomas VDB, est centré sur le spectacle de plein-air.
Voici les trois spectacles que j'ai pu voir :
Les balles populaires
Univers Sali
J'ai beaucoup aimé ce spectacle, un seul en scène drôle et émouvant qui m'a personnellement touché.
Nous on s'en va
Un spectacle qui mêlait chanson et théâtre, plutôt loufoque et amusant, partant des conséquences de la vie confinée pendant la pandémie du COVID-19.
APOTEMNO
ATTENTION, CONTENU POTENTIELLEMENT GRAPHIQUE
APOTEMNO (projections fantasmagoriques d'une amputation)
Enfin un article sur cette pièce, parce qu'il fallait bien la présenter un jour...
C'est un projet sur lequel je travaille depuis 2019 mais qui s'est surtout développé à partir de 2023 et c'est une pièce destinée à un public adulte (et surtout pas aux enfants)
Trois personnages.
- Vincent Samuelsky, un étudiant en quête de la perfection du corps au travers de l'amputation.
- Martyrium, témoin et complice de la descente aux enfers de Samuelsky.
- La veuve noire, la professeure d'Histoire de Samuelsky.
Vincent et Martyrium sont probablement mes personnages les plus atroces et les plus... dégueulasses.
J'en parle maintenant, alors que la pièce n'est pas achevée, car je compte la faire lire à ceux qui seraient intéressés pour me donner un avis quand je l'aurai finie.
Plus de détails sur mon site.
La playlist à écouter, si vous voulez un aperçu de l'ambiance...
La story à la une, avec des extraits.
Voilà. Bisous.
Mes articles sur Olivier Py
Crédit : Olivier Py, L'Amour Vainqueur, 2024.
Pièces et romans lus
Ici, je parle plus des textes que des mises en scène.
à venir :
Le Cahier Noir
Paradis de Tristesse
Les Enfants de Saturne
L'Amour Vainqueur
...
Films, captations et spectacles
Ici, on se concentre sur le visuel. mise en scène, jeu, films.
à venir :
Les Enfants de Saturne (dispositif scénique et mise en scène de la main coupée)
Les Illusions Comiques, le double-jeu.
Réflexions
à venir :
premières réflexions sur le cahier bleu
Olivier Py : Tout vouloir ? réflexions sur le passage du RIEN au TOUT
Autre
à venir :
Création d'un pull à capuche Olivier Py