RE CHICCHINELLA, de et par Emma Dante
Le 5 octobre 2024, nous avons pu voir le spectacle RE CHICCHINELLA (“Le Roi poule”) de, et par, Emma Dante à la comédie de Caen. Ce spectacle était en italien (napolitain) surtitré.
La pièce suit un roi (Carmine Maringola) alors qu’il tente de se libérer du mal dont il souffre et dont il ne peut pas se débarrasser : une poule qui s’est plantée dans ses entrailles alors qu’il voulait s’essuyer le postérieur… Il décide alors de jeûner afin de ne pas donner assez de nourriture à la créature, et, ce faisant, il se laisse mourir lui-même de faim. La famille royale et la cour essayent alors de le faire se nourrir mais le Roi, convaincu qu’ils ne sont intéressés que par les œufs d’or que pond la poule, refuse. Il finit donc par mourir après avoir tenté une énième extraction de la poule.
La scénographie est dans la lignée du symbolisme, c’est-à-dire scène nue, à l'exception de fauteuils parfois amenés sur scène par les figures constituant la cour du Roi. On trouve une lumière presque immobile, qui éclaire (pour la plupart du spectacle) une grande partie de la scène sans grande différence, mis à part à la fin (après la mort du Roi) où la lumière est pratiquement absente, à l'exception d’un néon de pharmacie bleu.
Le jeu (dramatique, les personnages ne s’adressent pas au public) est ce qu’on pourrait qualifier de grotesque, donc comique par le bizarre, le caricatural, avec une grande importance placée sur le travail du corps, qui est plus visible à travers la performance très physique de Maringola (qui gonfle son ventre, fait mine d’être dirigé par la poule, etc…). Il est donc clair que ce qui est le plus mis en avant dans ce spectacle est le travail corporel, renforcé par l’absence de décor afin de ne pas déconcentrer le spectateur.
Pour ce qui est des costumes, l’esthétique grotesque se fait aussi voir. Pour les figures de la cour, on trouve des sous-vêtements ainsi que des jambes et fessiers accentués par des collants rembourrés beiges, dans l’optique de créer une impression de ridicule et de burlesque (la cour étant ridiculisée et presque nue).
Au niveau du texte, bien que la majeure partie de la pièce soit comique, voire tournée au ridicule, on retrouve à certains moments des passages émouvants, ou même tragique, comme la mort du Roi, où le ton change drastiquement.
En conclusion, Re Chicchinella d’Emma Dante propose une réflexion comique sur le pouvoir, et l’obsession, portée par une esthétique grotesque et minimaliste. La mise en scène dépouillée, alliée à de grandes performances physiques et à des costumes volontairement absurdes, invite le spectateur à plonger dans un univers ridicule, pourtant parfois tragique.
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