Journal théâtral de Tobias M. Visse

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LE MALADE IMAGINAIRE, Molière, mis en scène par Arthur Nauzyciel

 

Le 14 mars à la comédie de Caen, Arthur Nauzyciel présente Le Malade imaginaire ou Le Silence de Molière, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Molière. Comme le titre l'indique, le spectacle présente le dédoublement de Molière et d’Argan effectué à l’aide de deux textes, Le Malade imaginaire et Le Silence de Molière de Giovanni Macchia. L’objectif de celui-ci est de rendre hommage à Molière tout en rappelant la première mise en scène de Nauzyciel, mais aussi de présenter les parallèles entre les deux personnages, Argan et Molière, cela rendu plus explicite avec le personnage d’Esprit-Madeleine (Catherine Vuillez), la fille de Molière.

Le spectacle est séparé en types de scènes distinctes, puisqu’il est composé de deux textes, les scènes du Malade imaginaire mais aussi du Silence de Molière. Ce dédoublement est renforcé par la présence de deux Argans dans deux espaces différents, le premier (Laurent Poitrenaux) qui représente aussi Molière, à l’avant-scène et dans le public, le deuxième (Aymen Bouchou) sur scène. La salle est ainsi divisée par un couloir grimpant sur le public, au sommet duquel se trouve le premier Argan (ou Molière), ce qui le sépare du reste des personnages et le rapproche des spectateurs, autant littéralement que figurativement.

En plus de cette séparation, l’espace est morcelé à l’aide d’un système de drap ou d’écran, séparant l’espace scénique en plusieurs cases. Cela permet de jouer sur un effet d’ombre et de transparence avec les acteurs cachés derrière ceux-ci, de plus le spectateur ne voit parfois que les pieds des comédiens. Cela oblige à se concentrer sur la voix et sur le jeu vocal, qui passe d’un jeu plus réaliste, parfois tragique (principalement du côté de Molière et de sa fille) à un jeu plus grotesque et comique. La lumière sert aussi à délimiter l’espace et reste statique pendant la grande majorité du spectacle.

ARGAN - Par la mort non de diable, si j'étais que des médecins, je me vengerais de son impertinence ; et quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours. Il aurait beau faire et beau dire, je ne lui ordonnerais pas la moindre petite saignée, le moindre petit lavement, et je lui dirais, crèvecrève, cela t'apprendra une autre fois à te jouer à la Faculté." 

Le ton de la pièce est aussi influencée par ce dédoublement, puisqu’il oscille entre l’humour parfois grotesque de la partie Malade imaginaire et le tragique beaucoup plus sérieux de la partie Silence de Molière, ce qui crée une rupture dans le rythme de la pièce au milieu du spectacle, ce qui peut troubler le spectateur et le faire passer rapidement d’une émotion à l’autre.

 

Ainsi, Le Malade imaginaire ou Le Silence de Molière d'Arthur Nauzyciel s'avère être un hommage complexe à Molière, explicitant les parallèles entre l'auteur et son personnage, Argan, souvent relevés. Grâce à la juxtaposition de deux textes et à la mise en scène séparant les espaces, Nauzyciel parvient à transcender les frontières traditionnelles du théâtre en offrant au spectateur une vision éclatée de l’action.



14/03/2024
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