Un spectacle assez surréaliste mais très amusant.
Le quinze novembre 2023, la représentation de Dan Då Dan Dog, œuvre de l'auteur suédois Rasmus Lindberg, dirigée par Pascale Daniel-Lacombe, a marqué le festival les Boréales à la comédie de Caen.
La trame narrative explore des événements inattendus, du décès subit du grand-père, à la maladie d'Edith, de la passion naissante d'Amanda pour le séduisant Herbert aux échappées rocambolesques de Sunny. Le spectacle a pour but d’explorer la relation des personnages avec la mort et leur vie passée, avec tous leurs regrets.
L'espace, orchestré avec habileté, révèle un charme dans lequel chaque élément prend sens. Il devient un élément dynamique et en mouvement, créant une atmosphère ludique et extra-ordinaire où le surnaturel devient plausible.
Les comédiens naviguent habilement dans des situations absurdes, tout en gardant un jeu naturel, trouvant une tonalité juste. Le jeu réaliste est rendu absurde par les situations rocambolesques où se retrouvent les personnages, jouant avec un humour noir.
Les costumes sont réalistes, de notre temps actuel et homogènes. Cependant, l’absurde de la pièce ressort par quelques fantaisies, comme la tenue du père de Kenny.
Le tout est alimenté par la présence d’une lumière faible, donnant une impression de rêve, d’irréalité, le tout appuyé par les questionnements des personnages, notamment de Kenny (Etienne Bories), sur si ce qu’ils vivent est réel ou non. De plus, il y a la présence de musique jouée en direct au tuba, qui immerge le spectateur observateur dans l’univers du spectacle.
Le spectacle est séparé en plusieurs parties distinctes, tout d’abord une partie que l’on peut qualifier de “prologue”, le résumé de toute la vie passée d’Édith (Mathilde Panis) et le rapport au temps qui passe et à la mort perçue comme soudaine de Johann (Etienne Kimes). Le rythme de cette partie est effréné, marquant la vitesse à laquelle passe une vie. Le jeu y est naturel malgré la situation plus symbolique, très peu physique à première vue, bien que les acteurs tournent sur eux-mêmes durant la totalité de cette scène. La seconde partie est une partie moins symbolique et plus naturelle encore, qui se repose sur les dialogues autant que sur les performances physiques des acteurs, notamment celle d’Herbert (Jean-Baptiste Szézot).
Ce spectacle, mis en scène Pascale Daniel-Lacombe, offre une plongée dans l'œuvre énigmatique de Lindberg, dans son rapport à la mort et au regrès de la vie. La scénographie, en mouvement constant, crée une atmosphère extra-ordinaire où le surnaturel devient plausible. Les personnages, dépossédés et figés dans leur quotidien, dévoilent une humanité en perte de repères, confrontée à des situations déconcertantes. La mise en scène, malgré la simplicité du texte, offre des images théâtrales mémorables grâce à la performance des acteurs. Dan Då Dan Dog oscille entre le rire et les larmes, reflétant l'humour noir du Grand Nord et la pulsion de vie persistante dans la nuit polaire. Cette étrange pièce, suspendue dans un moment d'une beauté inexprimable, offre une expérience théâtrale déroutante et enchantée.